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JNDD 2015 : Paroles d'élèves - Édouard Dossetto

Mécatronique - promotion 2010

Issu du département Mécatronique, j’ai réalisé ma quatrième année à l’Ecole Polytechnique au sein du Master REST, en énergies renouvelables. En ce moment je travaille au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE), dans un service d’experts techniques et de conseillers : le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD), sur des questions liées à la transition énergétique.

Quand j’ai réfléchi à ce que je pouvais vous dire aujourd’hui, j’ai voulu vous parler de trois grands points :
  1. « Développement Durable, pourquoi s’engager ? »
  2. « Développement Durable, comment s’engager ? »
  3. et c’est une partie plus personnelle, pourquoi ai-je choisi au sein du Développement Durable de m’engager dans les énergies renouvelables.

Alors I, « Développement Durable pourquoi s’engager… ? »

… En fait, on va tout de suite passer au II, pas parce que le I n’est pas important, il est essentiel, mais je prends pour hypothèse que vous avez conscience de l’enjeu que représente le développement durable. Et si ce n’est pas le cas, je sais qu’il y a parmi les conférenciers de ces JNDD, des gens beaucoup mieux qualifiés, avec des points de vue riches et variés, qui le feront bien mieux que moi.

Alors II, lorsque l’on est assis dans l’amphi de l’ENS Rennes, comment s’engager dans le développement durable ?

Et je ne parle juste de trier ses déchets. Ça, c’est bien le minimum. Non si vous êtes ici, c’est que vous avez un potentiel, normaliens, magistériens, si vous êtes ici, vous vous êtes battus pour y être, des gens ont cru et croient en vous. Mais tout reste à faire ! Si vous êtes ici, avec votre potentiel, vous pouvez décider d’avoir un impact, un impact important, et, il vaudrait mieux, un impact bénéfique.
Que pouvons-nous faire ? A notre échelle ? C’est ce dont je veux vous parler en essayant de vous donner quelques idées, sur la base de ce que j’ai pu vivre pendant ces quatre années surprenantes et merveilleuses ! Surtout l’agreg… Mais ce n’est pas l’objet. Prenons comme point de départ ces JNDD. Donc vous vous êtes là. Moi je suis plutôt par là… Certains ont peut-être déjà des certitudes sur la façon dont ils vont remplir la flèche. Pour d’autres, comme moi en première année, c’est peut-être moins clair. J’ai considéré trois grandes parties : de maintenant à votre quatrième année, votre quatrième année, et puis le « ET APRES… » Ce « ET APRES » qui m’a longtemps fait peur.
Mon objectif aujourd’hui sera de vous permettre de vous poser, de vous poser la question, et de vous projeter :

  • Qu’est-ce que je m’imagine bien faire ?
  • Au service de quelle cause vais-je mettre mes compétences ?

A l’ENS, comment s’engager ? S’engager dans son cursus, et s’engager dans ses activités extrascolaires.
Au sein de votre parcours académique :
  • Vous allez probablement recevoir des cours pour vous initier aux enjeux du DD, les appréhender, les comprendre
  • Vous avez des projets dans ce programme, je pense par exemple aux MEKTROs qui construisent une voiture éco-citadine hybride
  • Vous aurez l’opportunité de choisir d’assister à certains cycles de conférences, ou de les organiser, comme ces JNDD, au sein d’association comme EntretiENS, ou Parlons ENS
  • L’idéal finalement serait de porter des projets innovants interdépartementaux mêlant des matheux, des DEGs, des infos, des 2SEPs, et des MEKTROs. Ces projets seraient fortement enrichissants pour nous, les élèves, mais pour les mettre en place, il faudrait que cela vienne surtout de nous. Il faut devenir ACTEUR DE NOTRE FORMATION.

Dans vos activités extrascolaires,

Je ne sais pas s’il existe une association DD des étudiants de l’ENS Rennes, mais à Cachan, par exemple, l’association Solidarité Normalienne, agit dans différents domaines. Récemment je leur ai soumis un projet « d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments dans le cadre de la loi sur la transition énergétique ». Le sujet peut paraître très axé MEKTRO, mais l’objectif serait de l’intégrer à la formation de plusieurs départements, en proposant à quelques étudiants d’organiser la gestion du projet, des équipes, la fabrication des outils, le traitement des images, etc.

En quatrième année, que peut-on faire ? On peut s’engager dans sa formation, mais aussi dans son parcours professionnel. Dans ma formation, par exemple, je me suis engagé dans le master REST de l’Ecole Polytechnique en énergies renouvelables. « Une formation à large spectre visant à préparer les étudiants pour des carrières dans la recherche avancée et la gestion des EnR ». Mais c’est loin d’être le seul M2 de ce type. De plus en plus de grandes universités ont créé depuis une dizaine d’année des masters dans ces domaines particulièrement riches :
  • Water Air Pollution Energy (Ecole Polytechnique + UPMC)
  • Sustainability Program and Science Technology & Public Policy Program (Harvard Kennedy School)
  • Msc Environment & Resources (Stanford)
  • et tant d’autres à l’Imperial College, Los Andes (COL), Monash University (AUS), Upssala (SWE), ou Université de SaoPaulo (BRA)…
La formation c’est bien, mais ce qui va beaucoup vous définir c’est aussi votre parcours professionnel. Pour mon exemple :
  • j’ai mené une étude de préfaisabilité économique sur le déploiement d’hydroliennes pour le gouvernement de Guernesey
  • puis j’ai réalisé un stage de M2, à l’interface d’EDF EN et EDF R&D, en mettant en place une méthode d’évaluation des chargements mécaniques sur une éolienne offshore
  • et aujourd’hui, au ministère de l’écologie, je travaille sur une comparaison solaire / nucléaire dans les pays arabes à travers la perspective Eau –Energie – Sécurité Alimentaire.
Vu comme ça, cela donne l’impression d’un parcours très orienté, voire presque cohérent. Mais ceux qui m’ont connu en première année, savent très bien que ce n’était pas prévu. Ça c’est de la COHÉRENCE RETROSPECTIVE. C’est le concept qui désigne la façon dont rétrospectivement vous arriverez à expliquer ce que vous avez fait. Mais…
STOP
Ah oui ça c’est le slide que j’ai oublié d’enlever, c’était pour me rappeler qu’ici il fallait faire une pause. Faire une pause, pour que l’on se pose trois questions, pour se projeter un petit peu. Ce sont trois questions que je me suis posé à la fin de ma troisième année, quand j’hésitais encore quant à ce que j’allais faire. Ces trois questions sont :
  • Qui suis-je ?
  • Vers où me meus-je ?
  • Et Pourquoi ?
Ce « Vers où me meus je ? » est essentiel, c’est à nouveau cette notion d’être acteur de votre formation, ce n’est pas un « où vais-je ? », ou un « où me portent mes études ? », c’est un « Vers où me meus je ? »

Personnellement, je me meus vers les Grands Corps de l’État. C’est un groupe d’ingénieurs qui décide de mettre leurs compétences techniques au service de l’Etat et au cœur de l’action publique.
  • Ils travaillent sur un large spectre de thématiques : Climat / Aménagement du territoire / Transports / Risques / Energies
  • Avec différents niveaux de responsabilités : dans les services de l’Etat / les collectivités / le secteur parapublic / le secteur privé / et la recherche
  • La formation du Corps des Ponts par exemple, comporte trois volets : une formation scientifique / une formation politique / des expériences (premiers postes), où l’on met en oeuvre la gestion d’une équipe, et la gestion des problèmes (un peu comme en association à l’ENS, sauf que les enjeux n’ont pas le même degré d’importance).

La formation scientifique se compose d’un parcours ingénieur et d’une possibilité de poursuite en thèse : le parcours ingénieur est une année équivalent au M2 dans les domaines du Génie Civil, Génie des Matériaux, Mathématiques Appliquées, Villes Environnement Transports (dans lequel on trouve la question de l’EAU par exemple), Economie (Gestion) et Finances. Il existe une possibilité de poursuivre en thèse sur un sujet lié à une thématique du corps intégrant des questions transverses et un dispositif d’accompagnement.

La formation politique, le Master PAPDD dispense des cours de Sciences Politiques, d’Economie, de Droit, de Sociologie, accompagnés de semaines thématiques et de missions professionnelles, avec des premiers postes en (DREAL, administration centrale, thèse), et ensuite des seconds postes (en cabinet, organismes internationaux, thèse).

Vers où me meus je ? Vous le savez. Maintenant, passons au pourquoi ? Pourquoi les EnR ?

Les énergies renouvelables, de manière évidente, sont un domaine d’avenir, et même un sujet d’actualité en fait. Je pense notamment à la récente loi sur la transition énergétique, mais pas seulement. Les EnR sont un domaine d’avenir car elles représentent à la fois des opportunités de développer des pans entier de nouveaux marchés, et des opportunités en terme de recherche et d’innovation.

C’est aussi un domaine transverse, mêlant, évidemment, des questions scientifiques, mais aussi des enjeux socio-économiques complexes comme l’acceptation sociale, la préservation de l’équilibre, les négociations…

Enfin, c’est surtout un domaine qui a du sens. C’est cet idée de l’impact concret, et bénéfique, enfin… j’espère !, l’idée que mes travaux de recherche, mes expériences professionnelles ont un impact concret et bénéfique. C’est aussi un domaine dans lequel un petit apport a rapidement de grands effets. L’étude de préfaisabilité économique réalisée pour le gouvernement, peut être la source d’une profonde modification de la production énergétique de cette zone insulaire, de sa dépendance au pétrole, et de ses rejets de CO2.

Et pour finir, c’est ma théorie des « Dans 10 ans ». Dans 10 ans, je veux pouvoir me retourner et me dire « Woaw… » . Dans ce domaine j’ai le sentiment, du moins j’espère sincèrement, pouvoir me retourner dans 10 ans, sur le travail que j’aurai accompli, et me dire « Woaw ». Et quand je vous vois tous dans cet amphi, j’ai envie de dire la même chose, parce que cela me fait penser à la démarche que le MIT a mis en place : identifier les défis majeurs de notre siècle, concentrer toutes ses compétences sur ces défis pour y trouver des solutions de rupture en interconnectant des formations radicalement différentes. D’une certaine façon, c’est ce que vous allez faire vous aussi durant ces ateliers des JNDD. C’est ce que je trouve merveilleux, car je suis intimement convaincu, que si aujourd’hui nous mettions en relation tous nos cerveaux et en oeuvre tous nos efforts pour plancher sur les défis énergétiques, je suis persuadé que nous trouverions une solution.

Merci de votre attention.
Thématique(s)
Vie de l'École

Mise à jour le 15 décembre 2016