"J’ai passé les concours de l’INSP et de la Banque de France car je voulais un poste qui liait le droit et l’économie."
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Peux-tu commencer par nous parler de ton parcours depuis l’ENS ? À l’issue de ma première année à l’ENS, j’ai opté pour le parcours Politiques publiques en partenariat avec Sciences Po Rennes. J’ai ensuite préparé les concours administratifs au sein de la prép'ENA Paris I / ENS Ulm. À l’issue de cette année, j’ai passé les concours de l’INSP et de la Banque de France car je voulais un poste qui liait le droit et l’économie. Après avoir été reçu au concours de cadre de direction à la Banque de France, j’ai été affecté à la Direction de la lutte Contre le Blanchiment d’Argent et le Financement du Terrorisme (LCBFT), au sein de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (autorité administrative indépendante rattachée à la Banque de France). J’occupe ce poste depuis maintenant deux ans.
Quelles sont les missions de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) ? L’ACPR a pour mission de réguler le système financier et de faire appliquer à ses assujettis la réglementation prudentielle ainsi que les dispositions du code monétaire et financier relatives à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.En pratique, les banques sont tenues de mettre en place des dispositifs de vérification visant à contrôler que les flux entrant et sortant de leurs livres de comptes ne soient pas le produit d’une activité illicite ou ne servent pas à financer une entreprise terroriste. Ces systèmes permettent de vérifier l’origine des fonds,l’identité des clients, leur localisation, le motif d’une opération économique.
Peux-tu nous décrire ton quotidien ? Il n’y a pas vraiment de journée type. L’activité de mon service est plutôt cyclique. Il y a tout d’abord une phase d’évaluation des établissements, suivie d’une phase d’élaboration d’un programme d’enquête qui en découle, pour aboutir in fine sur une phase de coordination internationale au cours de laquelle nous échangeons avec les autres superviseurs européens sur des problématiques LCB-FT liées à des établissements ayant une activité internationalisée. Concrètement, un portefeuille d’établissements m’a été attribué. Ces derniers sont assujettis à un certain nombre de remises réglementaires qui servent de base à l’élaboration de mon programme de travail. Chaque année, j’évalue l’exposition aux risques de BC-FT et l’adéquation des mesures d’atténuation mises en place pour chacune de ces entités. Cette évaluation permet d’orienter l’Inspection de la Banque de France vers les établissements les plus risqués. À l’issue d’une mission d’inspection, un rapport compilant les défaillances identifiées m’est transmis. Son analyse me permet d’orienter les suites à donner (sanctions pécuniaires, mise en demeure, lettre de suites).
As-tu déjà des perspectives d’évolution de carrière ? La LCB-FT est une matière très riche et stimulante mais je ne souhaite pas me spécialiser d’office. Je n’ai pas encore d’idée précise mais le concours de cadre de direction permet d’envisager une grande diversité de trajectoires. À ce stade,j’envisage de renouer avec le cœur de métier de la BDF en me tournant vers des postes en lien avec la conduite de la politique monétaire.
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Entretien réalisé par Cassandre DELBREILH et Solène ISSANDOU pour l'association UbiDEM.