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Loïc Bréhin

Doctorant en droit privé à l’Université Panthéon-Assas

" Après l’ENS, j’ai obtenu le master Droit privé général de l’Université Paris 2, qui a l’avantage d’être orienté vers la recherche et de laisser une grande liberté pour choisir ses enseignements. Je n’ai pas débuté immédiatement ma thèse mais d’abord rejoint la CNIL en stage puis en tant que juriste. "

Loïc Bréhin

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Pourrais-tu commencer par nous présenter ton parcours ?
J’ai suivi le parcours classique de l’agrégation et suis parti en Erasmus à Pise en M1 de droit européen, l’année avant l’agrégation. Après l’ENS, j’ai obtenu le master Droit privé général de l’Université Paris 2, qui a l’avantage d’être orienté vers la recherche et de laisser une grande liberté pour choisir ses enseignements. Je n’ai pas débuté immédiatement ma thèse mais d’abord rejoint la CNIL en stage puis en tant que juriste. Mon service s’occupait de l’élaboration du droit souple et de l’accompagnement des responsables de traitement. Cela supposait notamment de travailler avec les autres autorités européennes de protection des  données, par exemple pour mettre en place des lignes directrices pour l’application du RGPD. Après un peu plus d’un an à la CNIL, j’ai commencé ma thèse sur les plateformes numériques en droit des obligations et en droit international privé sous la direction du professeur Marie-Élodie Ancel.

Quel est le processus pour effectuer une thèse ?
Il faut d’abord obtenir l’accord d’un universitaire habilité à diriger des recherches, généralement un professeur des universités (le plus souvent, celui qui a dirigé le mémoire écrit en M2). Il faut ensuite convenir d’un sujet avec lui. La sélection intervient au stade du financement, pour obtenir un contrat doctoral de trois ans. Il existe deux options : les CDSN de l’ENS ou les contrats propres à chaque université, pour lesquels la sélection a lieu entre le début de l’été et la rentrée. Après le contrat doctoral, il est possible de conclure un contrat d’ATER (deux ans en principe mais jusqu’à quatre ans si l’on a validé l’agrégation dans le cadre du contrat doctoral, ce qui est un avantage non négligeable).

A quoi ressemble le quotidien d’un doctorant ?
En un sens, le travail de thèse s’inscrit dans la continuité de la vie quotidienne d’un étudiant. On alterne travail personnel (recherches de thèse et préparation des TD) et enseignements (non plus comme étudiant mais comme chargé de TD). Il n’est pas toujours facile d’articuler les deux, mais l’enseignement est essentiel. Il permet de garder une vue d’ensemble des matières dont l’on étudie des aspects très spécifiques dans notre thèse mais aussi de rester généraliste en enseignant d’autres matières.
Personne ne nous impose des tâches au quotidien. Cette liberté d’organisation demande une certaine qualité d’autonomie. Cela peut poser des difficultés car la thèse est un projet personnel et il peut y avoir un temps de « maturation » assez important pour trouver et consolider ses idées. Mais c’est aussi une chance que de pouvoir décider librement de la façon de mener ses recherches et s’investir autant dans un projet au long cours. Et travail personnel ne rime pas avec travail solitaire car il y a de nombreux échanges entre doctorants, purement informels ou dans le cadre des centres de recherche.
Il y a aussi des activités plus ponctuelles. Il est possible de s’engager dans des projets annexes à la rédaction de notre thèse en fonction des opportunités qui se présentent (recherches
collectives ou individuelles pouvant donner lieu à des publications, organisation de colloques, etc.). Pour ma part, je me suis investi à la Revue de droit d’Assas, revue scientifique
réalisée par des doctorants, dont je suis désormais co-rédacteur en chef. Un autre avantage de la thèse est la réalisation de séjours à l’étranger, aussi utiles d’un point de vue substantiel que pour créer des liens avec des chercheurs d’autres pays. J’ai ainsi passé quelques mois à l’Institut Suisse de droit comparé de Lausanne, ou encore participé à un colloque de la jeune recherche en droit international privé à Heidelberg. On peut encore citer la participation à des « leçons de 24 heures » de l’agrégation de droit, en tant qu’équipier d’un candidat, qui permettent de se familiariser avec ce concours.


Quel est le parcours pour devenir enseignant-chercheur en droit ?
Une fois docteur, la première voie est celle du recrutement en tant que maître de conférences. Il faut pour cela être qualifié par le Conseil National des Universités puis être recruté à
l’issue du « tour de France » des universités ouvrant des postes. Il est ensuite possible de passer l’agrégation (de droit privé, de droit public ou d’histoire du droit) pour devenir professeur des universités.


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Entretien réalisé par Cassandre DELBREILH et Solène ISSANDOU pour l'association UbiDEM.
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Mise à jour le 24 avril 2025